![\"LIVRE300images_sauvages\"](\"http:\/\/www.barbapop.com\/wp-content\/uploads\/2009\/09\/LIVRE300images_sauvages.jpg\")
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Un Livre d\u2019affiches?<\/p>\n
\u00ab\u00a0En novembre 2008, sur une id\u00e9e de Grand Guignol, l\u2019id\u00e9e \u00e9merge de compiler des affiches de concerts organis\u00e9s \u00e0 Lyon. D\u2019abord sur un an, et pourquoi pas cinq ans d\u2019affiches. Partir de la p\u00e9riode o\u00f9 le Pez Ner ferm\u00e9, le Kaf\u00e9 Myzik ferm\u00e9, les caf\u00e9s concerts Croix Roussien sur le d\u00e9clin, apr\u00e8s une p\u00e9riode de vide d\u00e9primante en terme de lieux de musiques, se cr\u00e9ent le SONIC, Grrrnd Zero, l\u2019\u00e9picerie moderne, la MJC d\u2019Oullins devenant le CLACSON, l\u2019atelier des Canulars, plein de nouveaux squats (l\u2019Insoleuse, le Boulon, Coco Charnel, Deadwood, GGRB,\u2026) et j\u2019en oublie certainement. 2004 \u2013 2009.<\/p>\n
Il s\u2019est d\u2019abord s\u2019agit ici de parler de dessin, tent\u00e9 par l\u2019id\u00e9e de \u00ablivre d\u2019art\u00bb. Mais en fait, tr\u00e8s vite, \u00e0 force de rencontres avec les auteurs des affiches, les organisateurs des concerts, il m\u2019est apparu \u00e9vident que l\u2019int\u00e9r\u00eat de ces images \u00e9taient ailleurs, bien au-del\u00e0 de ce truc esth\u00e9tique. Du coup impossible de limiter la s\u00e9lection \u00e0 un certain style de dessin, mais au contraire partir sur l\u2019id\u00e9e de catalogue, de grand fourre-tout, et essayer de repr\u00e9senter la sc\u00e8ne locale toute enti\u00e8re, multiple, h\u00e9t\u00e9roclite, qui se renouvelle sans cesse.<\/p>\n
Il fallait repr\u00e9senter un ensemble mais quoi au final? Entre concerts pop et punk, musiques exp\u00e9rimentales ou autres genres, quel point commun ? Comment dire en deux mots? La culture DIY: \u00abDo It Yourself\u00bb, \u00abfais le toi-m\u00eame\u00bb. C’est-\u00e0-dire? Comment quelques individus dingues passionn\u00e9s se d\u00e9m\u00e8nent \u00e0 mettre en place des concerts avec rien, ou si, avec de l\u2019\u00e9nergie, une conviction b\u00e9n\u00e9vole increvable, un sens \u00e9rudit des musiques \u00abunderground\u00bb, dans le sens \u00abm\u00e9connues\u00bb plut\u00f4t que \u00ab\u00e9litistes\u00bb, certainement aussi un peu d\u2019avant-garde. DIY, c’est-\u00e0-dire passer des journ\u00e9es et des nuits \u00e0 d\u00e9couvrir des groupes sur Internet, les contacter, surtout les groupes \u00e9trangers en tourn\u00e9e exceptionnelle qui passeraient par Lyon, faire une programmation coh\u00e9rente, pr\u00e9parer une affiche qui raconte tout \u00e7a, puis encore des nuits d\u2019affichage sauvage dans la rue, pr\u00e9parer le catering fait maison pour vingt musiciens, acheter deux cadis de bi\u00e8res au supermarch\u00e9, accueillir les groupes comme des princes, faire le son, avec les moyens du bord, trouv\u00e9s \u00e0 droite \u00e0 gauche, accueillir les gens, aussi bien qu\u2019on peut, s\u2019entourer d\u2019une douzaine de copains pour g\u00e9rer le bar et l\u2019entr\u00e9e, essayer de ne pas perdre de sous sur la soir\u00e9e, et encore nettoyer, quand les gens et les musiciens sont partis et qu\u2019on a juste envie d\u2019aller dormir, apr\u00e8s une nuit blanche. Encha\u00eener sur le concert suivant.<\/p>\n
Bref ces affiches racontent mille soir\u00e9es, c’est-\u00e0-dire plein d\u2019histoires, de lieux qui ouvrent et ferment, de groupes locaux qui se cr\u00e9ent et disparaissent, d\u2019autres groupes qui viennent de partout dans le monde, qui d\u00e9butent et joueront plus tard sur les sc\u00e8nes des grands festivals, ou pas, ou d\u2019autres groupes encore, cultes depuis vingt ans qui feront peut \u00eatre leur dernier concert l\u00e0. Et puis parce que ces lieux non institutionnels sont encore suffisamment souples et libres on y trouve encore une \u00e9nergie puissante, simple, spontan\u00e9e, enfin quelque chose d\u2019assez flou, mais oui puissant, parce que partag\u00e9 entre les organisateurs, les groupes et le public, pr\u00e9texte \u00e0 des f\u00eates m\u00e9morables, des rencontres et discussions enflamm\u00e9es. Chaque concert DIY parait \u00eatre un miracle. Un univers en marge. Quelque chose se passe l\u00e0 qui n\u2019existe pas dans les lieux de consommation culturelle aseptis\u00e9s, officiels. Mais ces lieux alternatifs ont de plus en plus de mal \u00e0 exister, menac\u00e9s par les politiques municipales et les l\u00e9gislations de moins en moins tol\u00e9rantes quant \u00e0 ces initiatives, bien qu\u2019elle constitue certainement, en fait, le terreaux de la cr\u00e9ation qui \u00e9voluera ensuite vers des lieux plus institutionnels. Je parle des plaintes syst\u00e9matiques du voisinage sous pr\u00e9texte de nuisances sonores, des proc\u00e8s pour affichage sauvage sous pr\u00e9texte de propret\u00e9, de la fermeture imm\u00e9diate de squats sous pr\u00e9texte de s\u00e9curit\u00e9, etc. L\u2019id\u00e9e de ces \u00ab300 images sauvages\u00bb m\u2019est aussi venue car j\u2019organise des concerts \u00e0 Lyon depuis 2004 et documenter cinq ans de cette sc\u00e8ne locale me semblait int\u00e9resser pas mal de gens. Cette pr\u00e9sentation est maladroite, les termes clich\u00e9s, mais voila quand m\u00eame \u00e0 peu pr\u00eat mes intentions.<\/p>\n
Merci \u00e0 tous ceux qui m\u2019ont fait confiance en m\u2019autorisant \u00e0 publier leurs affiches de concerts dans ce livre qui j\u2019esp\u00e8re aura une suite dans deux \u2013 trois ans.\u00a0\u00bb<\/p>\n
Barbe \u00e0 Pop.<\/p>\n\n\t\t